Distance totale : 136 km. Dénivelé positif : 11295 m.

Voici le récit d’une magnifique randonnée de huit jours à travers le Parc National des Écrins en bivouac. Le sentier que nous avons suivi recoupe en partie le plus connu Tour des Écrins, mais toute la première partie de notre itinéraire est de notre invention. De mon point de vue, c’est l’un des plus beaux sentiers de trekking en montagne à faire en France en itinérance. Voici quelques conseils et renseignements si vous souhaitez le parcourir :

  • Bivouac : Comme toujours, j’ai choisi le bivouac comme mode de randonnée pour profiter au maximum de la nature. Dans le parc des Écrins, il est autorisé de 19h à 9h, à plus d’une heure de marche des accès routiers. Le poids de nos sacs se situaient entre 10 et 15 kg tout compris.
  • Ravitaillement : Il y a une supérette à la moitié du trekking à La Chapelle en Valgaudemar, ce qui permet de porter 4 jours de nourriture au maximum.
  • Matériel : Si vous souhaitez faire ce parcours en bivouac il vous faudra bien sûr une tente et un bon sac de couchage (il peut faire froid la nuit en altitude, je recommande confort 0 degrés). Pour le soir, c’est sympa d’avoir un réchaud et une casserole pour se faire de la nourriture chaude (pâtes, polenta, soupe, risotto…)
  • Départ à Embrun et arrivée à Bourg-d’Oisans
  • Difficulté: Cette traversée des Écrins requiert une bonne forme physique, nos étapes étant parfois longues (mais bien sûr, avec le bivouac il y a possibilité d’adapter l’itinéraire à son goût !). La descente du col de Prelles est délicate, il ne faut pas avoir le vertige et savoir s’orienter en montagne.

Maintenant place au récit de cette randonnée !

Attention : Une partie de l’itinéraire se trouve hors-sentier. Cela nécessite un bon sens de l’orientation. L’imprécision du tracé peut être grande car il est dessiné manuellement (non relevé sur le terrain).

Les Écrins en bivouac, jour 1 : Le Mont Guillaume

  + 1750 m / – 250 m       14 km

Vue du Mont Guillaume

Nous partons d’Embrun, ville sympathique à côté du lac de Serre-Ponçon. Le départ étant assez bas (800m), nous essayons de partir le plus tôt possible pour échapper à la chaleur. Heureusement le sentier passe assez vite en sous-bois, ce qui nous permet de ne pas trop souffrir. La montée est longue mais simple : il faut rejoindre le Mont Guillaume au-dessus de la vallée, soit 1750m de dénivelé ! Un petit oratoire en sortant des bois fait un bon endroit pour la pause pique-nique. Puis une dernière montée en sortant des bois nous permet de rejoindre le Mont Guillaume, d’où la vue sur la vallée de la Durance, les sommets alentours et le lac de Serre-Ponçon est superbe.

Nous suivons ensuite un très joli chemin de crête puis redescendons ensuite au Col de Trempa, où nous commençons notre première partie hors-sentier. En effet, il n’y a pas beaucoup de chemins dans ce coin paumé mais le relief est assez facile. Cela nous permet de rejoindre sans difficultés un petit lac idéal pour le bivouac. C’est agréable de tremper ses pieds dans l’eau tout en mangeant après une suée pareille !

Vue du Mont Guillaume 2

Jour 2 : le Mourre Froid

  + 1400 m / – 1150 m       16 km

Vers le col de Reyssas

Nous repartons en hors-sentier, dans une herbe bien humide, pour finalement rejoindre un chemin qui monte de la vallée vers le col de Reyssas. Il y a une jolie cabane d’alpage avec son troupeau de moutons autour. Au col, un paysage très alpin se dévoile, avec des prairies à perte de vue. Nous redescendons dans le vallon tout d’abord en suivant le sentier, puis en coupant un peu au travers des alpages pour rejoindre un autre chemin montant au col de la Règue.

Les sommets qui se dévoilent sont impressionnants, tout en roches sans une trace de végétation. On voit que le soleil tape en été et le vent souffle en hiver ! Les plissements et les couches géologiques sont bien visibles.

Cairn et Pointe de la Serre

Au col, on profite d’une première vue sur les Écrins, tout blancs au loin. C’est le cap que nous devons garder pour notre randonnée. Nous suivons ensuite la crête très facile qui nous mène jusqu’au Mourre Froid. Il mérite bien son nom : on se les caille ! Nous nous abritons du vent derrière le gros cairn pour manger.

Puis nous redescendons par l’autre crête en suivant un sentier mieux tracé. Honnêtement, le paysage est un peu trop rocailleux pour moi. Mais pour qui aime les cailloux ça doit être le pied…

Les Terres Blanches

À notre gauche s’étend la vallée du Laire, tout au fond on voit le col des Terres Blanches qui est notre destination. Encore un nom qui décrit bien l’endroit (il y a du gypse), ça ne manque pas dans le secteur !

Nous remontons ensuite une loooongue vallée pour arriver au col. C’est beau mais la fin de journée se fait sentir. Surtout qu’on ne voit jamais le col arriver, on croit qu’il va être au prochain tournant et… pas du tout.

Nous passons finalement le col et nous nous arrêtons peu après, dans une jolie prairie d’altitude où les sources ne manquent pas.

Jour 3 : Dormillouse et le col de Prelles

  + 1300 m / – 1700 m       22 km

La descente le matin dans la vallée de Dormillouse est enchanteuse. On traverse de belles prairies, puis l’herbe devient plus dense. On longe des cascades. Puis un joli étang et finalement la forêt de mélèzes. Nous arrivons au village à l’heure parfaite pour une pause tarte aux myrtilles.

La vallée de Dormillouse
Cascade de Dormillouse

Dormillouse est un magnifique hameau, l’un des rares villages de France à ne pas être accessible par la route. On passe à côté de belles maisons en pierre sèche avec l’étage tout en bois. Puis nous continuons notre chemin dans la vallée du Chichin. On alterne entre prairies, forêts et vues sur des cascades : c’est tout simplement superbe. Nous mangeons au bord d’un petit ruisseau.

Nous finissons enfin de remonter ce beau vallon pour atteindre le col d’Orcières. Une redescente rapide jusqu’au lac des Estaris, puis nous remontons jusqu’au col de Prelles. La vue sur les Écrins en fin d’après-midi est époustouflante.

Les Écrins depuis le col de Prelles

Toutefois nous attend la section la plus technique de notre traversée des Écrins en bivouac : descendre le col de Prelles. C’est en effet une descente assez raide au milieu de vires rocheuses. Il faut faire attention au risque de chutes de pierres. De plus, le chemin n’est vraiment pas évident à trouver par endroits, il faut bien repérer les cairns et s’aider du gps (trace indiquée sur Openstreetmaps).

Descente du col de Prelles

On atteint le bas de la vire après quelques pierriers un peu raides. Puis il faut longer le pierrier à main droite. Trois grosses tranchées coupent le chemin, avec un peu de neige au fond. Nous arrivons finalement fatigués au col du Cheval de Bois. Un cheval en bois nous attend en effet au col, que l’on peut rajouter à la listes des noms explicites.

Nous redescendons finalement le vallon de Rougnoux et posons le bivouac au premier endroit possible. C’est une langue herbeuse surélevée avec un belle source le long du chemin. Le coucher de soleil sur les roches derrière nous est de toute beauté. Ce bivouac est l’un de mes préférés du parcours.

Bivouac aux Rougnoux

Jour 4 : où l’on rejoint le tour des Écrins en bivouac

  + 1150 m / – 2100 m       23 km

Le Sirac depuis les Rougnoux

Près des tentes, nous discutons avec un berger sympathique qui nous explique les méfaits du loup dans le secteur. Il nous dit que la vie de berger était bien plus facile sans sa présence, mais qu’il faut faire avec désormais.

On redescend ensuite le vallon pour arriver au Pré de la Chaumette. Nous sommes désormais sur le parcours “officiel” du tour des Écrins, que nous allons suivre jusqu’à Bourg d’Oisans. Au refuge, nous passons peu de temps après que tout le monde soit déjà parti pour l’étape du jour. Qu’à cela ne tienne : nous en rattrapons bon nombre dans la montée jusqu’au col de la Vallette !

Le paysage est vraiment splendide, on alterne entre pierriers et prairies. Le soleil perce à travers les nuages et fait de belles taches lumineuses.

Lumière sur le Pré de la Chaumette
Vallon de Gouiran

Depuis le col, on redescend dans des schistes pour traverser un petit vallon suspendu très mignon : le vallon de Gouiran. Encore un col, puis c’est Vallon Plat que nous abordons. Ici le paysage est vraiment superbe, entre le vert intense des prairies et le gris-noir des roches derrière. Elles forment de drôles de plissements.

Nous mangeons au fond du vallon, puis c’est remontée pour passer le troisième et dernier col de la journée : le col de Vallonpierre. Une courte descente nous amène au refuge de Vallonpierre, avec une tarte aux myrtilles bien méritée.

Vallon Plat
Sommets du Valgaudemar

Nous descendons ensuite dans le Valgaudemar. La lumière est magnifique, les Écrins juste devant : l’un des moments forts du parcours. On se sent vraiment environné de géants dans ce vallon aux parois bien raides. L’un dans l’autre, c’est pour moi la plus belle journée de cette traversée des Écrins en bivouac.

Je recommanderais un arrêt bivouac quelque part dans la descente depuis le refuge (cela ne manque pas de coins), mais malheureusement nous devons continuer. En effet l’un d’entre nous termine son voyage à la Chapelle en Valgaudemar et doit prendre le bus assez tôt demain. Nous faisons donc une assez longue étape qui nous amène en fond de vallée.

Direction Valgaudemar

Nous campons finalement près de la rivière, en basse altitude. Pas le bivouac le plus beau du séjour mais on y est quand même bien tranquille.

Jour 5 : La Chapelle en Valgaudemar

  + 1500 m / – 650 m       17 km

Nous plions le camp rapidement et arrivons de bon matin à la Chapelle en Valgaudemar. Un petit arrêt pour un délicieux chocolat chaud, le temps de faire des courses pour les 4 jours qui suivent, et nous voilà repartis sur la traversée des Écrins en bivouac.

On remonte raide le long d’un torrent tempêtueux. Nous faisons une petite variante par rapport au tour des Écrins, ce qui nous permet de passer plus près de l’Olan.

Lac Lautier

Après le col de Colombes le paysage est très joli, on serpente entre des rochers pour finalement arriver au bord de petits lacs. La vue sur la grande vallée profonde du Valgaudemar est impressionnante.

On repasse un petit col pour finalement arriver au refuge des Souffles. Pour ne pas changer nos habitudes, nous prenons une petite tarte aux myrtilles. Puis nous laissons la plupart des randonneurs qui s’arrêtent au refuge. Notre soif de nuits en pleine nature est trop grande : nous voulons un coin bien tranquille pour le bivouac !

Nous le trouvons environ une heure plus loin, dans un vallon suspendu du nom de Périnon. C’est sans conteste le plus beau bivouac de cette traversée des Écrins en bivouac : nous planons dans ce petit vallon herbeux, bien au-dessus du Valgaudemar, avec une vue superbe sur le Sirac au loin.

Le Sirac depuis Périnon

Jour 6 : le Désert en Valjouffrey

  + 1450 m / – 2150 m       16 km

Lumière sur Périnon

Nous quittons notre beau vallon à regret à l’aube et rejoignons rapidement le col de la Vaurze. La descente qui suit est directe et bien raide : les 1000m de dénivelé nous font sentir nos genoux ! En arrivant au village du Désert en Valjouffrey, on prend une baignade bien méritée dans le torrent. Ca revigore!

Le parcours qui suit est assez simple: remonter 1000m jusqu’au col de Côte Belle, redescendre au village suivant, remonter 1300m pour le col de la Muzelle (le lendemain). La montée jusqu’à Côte Belle n’a rien d’extraordinaire, mais la redescente passe au milieu de schistes très impressionnants. On dirait vraiment un mille-feuille géant.

Schistes derrière Côte Belle

Nous arrivons fourbus à Valsenestre, où l’on trouve une aire “officielle” de bivouac. Pas mal foutue je dois dire, même si je préfère toujours les bivouacs en pleine nature loin de tout. On peut tranquillement causer avec les voisins le soir.

Jour 7 : la Muzelle

  + 1700 m / – 1550 m       14 km

Pas mal de nuages ce matin. Nous partons tôt en espérant éviter la pluie pour franchir le col. Malgré la lumière grisonnante, la montée est superbe. Surtout la dernière partie, qui monte très raide dans les schistes: d’en bas, on se demande même comment cela peut passer tellement c’est raide! Mais le chemin est bien tracé.

La Muzelle

Au col, le vent est si fort qu’on ne reste presque pas. Les jeux de lumières sur le lac sont de toute beauté toutefois, surtout avec un orage en arrière-plan. Heureusement l’orage passe au loin.

Une petite tarte au myrtilles rapide au refuge (on ne va pas changer une bonne habitude), puis nous repartons pour la suite du chemin. De très belles vues sur la Meije se dévoilent en route. Nous passons le col du Vallon, puis c’est une grande descente jusqu’au lac du Lauvitel.

Orage sur la Muzelle
Chemin vertical au-dessus du Lauvitel

La fin de la descente est très belle, le chemin passe adroitement au milieu de pentes très abruptes au-dessus du lac. Nous arrivons finalement en bord du lac, où une aire de bivouac aménagée nous attend. C’est un emplacement superbe, et quel plaisir de nager un peu après une telle descente !

Jour 8 : Bourg d’Oisans et fin de la traversée des Écrins en bivouac

  + 50 m / – 850 m       12 km

Lauvitel au matin

Un orage violent passe pendant la nuit. Heureusement les tentes sont solides. Le matin, nous sommes dans les nuages qui parfois crèvent pour laisser apercevoir de magnifiques lumières. C’est notre dernier bivouac, et on ne peut s’empêcher de se sentir un peu tristes après une telle épopée. Nous replions une dernière fois la tente puis redescendons en fond vallée.

En chemin, nous croisons un homme avec une mule qui porte la nourriture pour l’une des maisons près du lac. Pas d’autre moyen pour l’amener là en effet !

Nous rejoignons finalement la vallée et faisons quelques kilomètres dans une jolie forêt en bord de rivière. Puis c’est Bourg d’Oisans qui marque l’étape finale de notre chemin. Quelle variété de paysages le long de cette traversée des Écrins en bivouac ! J’espère que cette description vous a plu, et n’hésitez pas à laisser vos commentaires sur notre itinéraire.

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Photagne

J'ai commencé la photographie en 2015 lors d'un voyage à Hawaii. Depuis lors, je me consacre à la photographie de paysages lors de mes nombreux treks en montagne.

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