En voilà un nom qui fait rêver ! Le sentier des dieux est un itinéraire qui relie Bologne à Florence en traversant toute la chaîne des Apennins. Les dieux, ce sont les (petits) sommets que l’on croise sur le chemin : Monte Adone (Adonis), Monzuno (Mont Juno ou Mont de Jupiter), monte Venere (Vénus)… Un sentier facile mais doté d’une grande variété de paysages et de monuments ! Le plus intéressant étant sans nul doute la Flaminia Militare, route romaine construite grâce au consul Caio Flaminio en 187 avant J-C, dont le parcours actuel du sentier des dieux suit plus ou moins le tracé. Cette route fut totalement abandonnée puis redécouverte dans les années 70 par deux passionnés. On peut aujourd’hui en voir de belles portions conservées intactes sous l’humus au fil des ans !
Le sens canonique du sentier des dieux se fait de Bologne à Florence. Cela dit, les premières étapes de Bologne semblent assez ennuyeuses sur la carte (une journée de marche non loin de l’autoroute…). Nous avons donc choisi de partir de Florence et de marcher trois jours seulement.
Sentier des dieux, jour 1 : Fiesole, Vetta le Croci, Monte Senario
+ 1000 m / – 900 m 24 km
Nous voici donc partis à trois de Fiesole en cette belle matinée de printemps. Ce village se rejoint aisément depuis le centre-ville de Florence par le bus 7. D’ailleurs, la vue sur la ville au Dôme est écrasante depuis les rues du village.
Quelques petits kilomètres de route plus tard, nous atteignons la butte de Poggio Pratone avec une vue sympathique sur la campagne Toscane avoisinante. Le chemin devient ensuite plus joli et passe dans des bois de petits feuillus. Un peu plus loin, quelqu’un a installé un carillon dans les branches d’un arbre. Le vent fait sonner une petite musique reposante… Cela donne une ambiance toute particulière à l’endroit !
Nous traversons ensuite de douces collines très verdoyantes. Les boutons d’or jaunes et les fleurs blanches des prunus achèvent de donner au tout un air décidément printanier !
Nous nous arrêtons à l’église du Monte Senario pour recharger en eau. Puis c’est une partie un peu longue dans des hêtres avant de rejoindre de nouveau des paysages plus sympathiques dans le style toscan. Au loin se dresse la barrière des Apennins que nous allons franchir le lendemain. En attendant, le soleil commençant à décliner, nous plantons la tente peu après le village de Tagliaferro dans un pré un peu en-dehors de la route. On y a une excellente vue sur le château de Trebbio qui sera notre première étape du lendemain…
Jour 2 : San Piero a Sieve, Schifanoia, Passo dell’Osteria Bruciata
+ 1100 m / – 400 m 23 km
Après un roboratif petit-déjeuner composé des sempiternels flocons d’avoine de randonnée, nous levons le camp et passons au château de Trebbio. Celui-ci se situe sur une petite butte d’où la vue sur la campagne avoisinante est tout simplement majestueuse !
Nous passons ensuite au petit village de San Piero a Sieve. C’est l’occasion de se payer un bon gros cornetto pour avoir notre dose de sucre matinale. La partie suivante suit une (petite) route plate sur près de 5km. Autant dire que c’est un peu ennuyeux… D’ailleurs, le nom italien de la commune avoisinante est… Schifanoia (schifo = moche, noia = ennuyeux) ! Mais la dernière partie dispose d’une vue fantastique sur la campagne Toscane, avec les champs vert tendre du printemps qui font plaisir à voir (sur les photos le vert paraît artificiel… il ne l’est pas !).
Nous commençons ensuite la partie qui nous mène dans les Appenins proprement dits. Le chemin monte tranquillement ses 1000m de dénivelé dans une forêt composée d’abord de pins puis de feuillus et enfin de hêtres. Nous arrivons au Passo dell’Osteria Bruciata après quelques vues panoramiques sur le parcours effectué. L’endroit semble propice au bivouac mais il est trop tôt et nous n’avons pas d’eau, nous continuons donc vers la source la plus proche. Après recharge, nous poussons jusqu’au mont Gazzaro, l’un des points culminants du parcours (1125m, c’est pas la folie non plus hein).
Nous trouvons un coin de bivouac idéal juste avant le sommet, au point de vue panoramique. Ce qui est incroyable, c’est que le vent souffle à décorner les boeufs au sommet, mais que nous sommes miraculeusement protégés ! J’ai peur que le vent tourne en cours de nuit mais cela ne sera pas le cas. Nous passons une très belle soirée à regarder le coucher flamboyant du soleil sur toute la chaîne des Apennins.
Jour 3 : Passo della Futa, Via Flaminia Militare, Madonna dei Fornelli
+ 850 m / – 1600 m 28 km
Nous parcourons de bon matin la crête qui nous mène jusqu’au passo della Futa. Il y a toujours un vent tenace et glacial qui fait tourbillonner toutes les feuilles autour de nous, c’est joli mais cela fait un sacré contraste avec la chaleur des derniers jours ! Après le col, nous continuons le parcours en crête au milieu des hêtres. On peut voir par endroits la via Flaminia Militare, cette route romaine dont je parle dans l’introduction. C’est plutôt impressionnant de voir un tel monument en plein milieu de nulle part !
Après le sommet des Banditacce, le chemin se fait plus champêtre. Nous passons près de quelques fermes où sont élevés les cochons qui font la fameuse Mortadelle d’Émilie-Romagne. Peu de pauses sur le chemin car le vent froid est toujours bien présent ! Nous finissons par arriver à Madonna dei Fornelli, où l’on peut prendre la première vraie pause sans vent au soleil de la journée.
La Via Degli Dei continue officiellement vers le village de Monzuno, mais nous n’avons pas le temps de le rejoindre en trois jours. Nous décidons donc de descendre vers la gare de San Benedetto Sambro. Nous suivons un très beau chemin le long d’un torrent qui, de manière surprenante, n’est pas indiqué sur la carte OpenStreetMaps. En fait, c’est sans doute l’une des plus belles étapes de ce parcours ! La partie finale de la descente vers la gare au soleil couchant est superbe, toute en grandes prairies herbeuses à flanc de montagne. Pour un peu on se croirait en Autriche !
La gare minuscule ne se dévoile qu’au dernier moment. C’est déjà la fin de la randonnée… Ce que j’en retiens, c’est qu’en trois jours de marche on a affaire à une grande diversité de paysages. Je dois dire que je ne m’y étais pas trop attendu !
2 commentaires
Juliette M · 19 juin 2024 à 17h04
Bonjour, merci pour ce partage d’itinéraire ! J’ai simplement une question concernant le bivouac. Je ne sais pas quand a été posté votre article mais j’ai lu sur le site officiel que cela était interdit sur le sentier, pourtant vous avez de votre côté trouvé des endroits pour planter votre tente, qu’en est-il donc du bivouac sur cet itinéraire ? Il est vrai que les lieux d’hébergement coûtent vite cher et ne sont pas si aisés à trouver.
Merci par avance pour votre réponse.
Photagne · 19 juin 2024 à 18h13
Bonjour Juliette, de par mon expérience, en Italie le bivouac est souvent officiellement interdit mais officieusement autorisé si l’on est en plein milieu de nulle part (et pas sur une propriété privée). En plantant la tente au soleil couchant et en l’enlevant tôt le matin, on réduit le risque quasiment à zéro. Pour cet itinéraire en particulier, le premier bivouac était près de maisons donc on s’était un peu dissimulé, le deuxième était vraiment en pleine montagne donc on a pu bivouaquer sans souci. Ca m’est aussi arrivé quelques fois de simplement demander à la maison la plus proche si cela les dérange qu’on plante la tente juste une nuit sur le bout de leur terrain, et généralement on est bien reçus! Bon voyage.